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Atelier de réflexion sur « L’utilisation des pesticides (herbicides, insecticides, fongicides, raticides), et autres produits chimiques par les exploitations familiales dans le cadre de la sécurité alimentaire »

«NOUS SOMMES DEVENUS ESCLAVES DES PRODUITS CHIMIQUES ET NOUS CHERCHONS DES SOLUTIONS

Les membres de la Plateforme Diobass, Ecologie et Société réfléchissent sur l’utilisation des pesticides et autres produits chimiques par les exploitations familiales dans le cadre de la sécurité aliment

Une vue des participants en plein travail dans le village de Wettina

Dans le cadre de l’exécution de son Plan d’action 2020 2021, Diobass, Ecologie et Société /Plate-Forme du Burkina a eu un atelier de réflexion, sur l’utilisation des pesticides (herbicides, insecticides,) et autres produits chimiques par les exploitations familiales dans le cadre de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

 Cet atelier a été organisé du 02 au 05 mars 2021 à Kari, dans la commune de Dédougou (région de la Boucle du Mouhoun) où, les pesticides sont beaucoup utilisés surtout dans les zones de production maraichère et de cultures de rente (coton, sésame, niébé). Les effets négatifs de ces produits affectent le sol, les eaux, les végétaux, les animaux et la santé de l’homme.

 L’atelier a été porté par l’Union Mazoumsé de Kari, l’organisation hôte qui a réuni les conditions pour assurer l’hébergement et la restauration des participants.

 Les objectifs de l’atelier étaient de :

  • Comprendre le phénomène de l’utilisation des pesticides, les causes et les conséquences ;
  • A défaut de supprimer les produits chimiques, identifier et réfléchir sur les bonnes pratiques d’utilisation ;
  • Trouver des alternatives à l’utilisation des pesticides pour les exploitations familiales ;
  • Poursuivre la recherche action sur les bonnes pratiques et sur les alternatives qui seraient dégagées au cours de l’atelier.

Au total une cinquantaine de personnes ont participé aux échanges : on notait :

  • Les représentants des organisations membres de la Plate-forme Diobass du Burkina ;
  • Les représentants des services techniques déconcentrés de la zone (Agriculture, Elevage, Environnement) ;
  • Des structures ressources (Direction Générale de la Protection de Végétaux, Cenabio, etc.) ;
  • Des ONG partenaires (Cenabio, CEAS etc.) ;
  • Les autorités administratives (Mairie) et coutumières.

Un groupe de travail en séance de restitution des résultats de leur réflexion

Cet atelier a investigué surtout sur les causes profondes et conséquences de l’utilisation de ces produits chimiques, à défaut de les interdire sur les bonnes pratiques d’utilisation et sur les alternatives qui peuvent être mises en place pour éviter leurs utilisations.

 L’utilisation de ces produits chimiques dans l’Agriculture touche beaucoup le potentiel productif du pays, surtout les ressources naturelles (eaux, sols, biodiversité végétale) et affecte les ressources humaines (mains d’œuvre et santé des producteurs).

 Avec le temps, l’utilisation abusive (par méconnaissance, ignorance, ou par recherche de gains), de ces produits, dégrade progressivement le potentiel productif agricole, compromet l’économie locale et ainsi que l’ambition du pays à assurer la souveraineté alimentaire.

 Dans la situation actuelle de changement climatique, il est important de veiller à la santé des utilisateurs de ces produits chimiques et bien protéger et gérer durablement les ressources naturelles qui sont touchées par l’utilisation de ces produits, dans le but de pouvoir assurer la survie des générations futures.

 Certes l’Etat à travers ses services, a élaboré une Loi 026-2017/AN portant contrôle de la gestion des pesticides au Burkina Faso, mais cette loi est peu connue et peu suivie par les différents acteurs (fabricants, vendeurs et utilisateurs) sur le terrain.

Aussi, il faut reconnaitre que les producteurs sont conscients des effets engendrés par l’utilisation de ces produits et chacun de son côté avec ses partenaires au développement recherche des solutions. Celles trouvées ne semblent pas répondre aux attentes.

 Ainsi, l’action de synergie dans la recherche de solutions durables par les différents acteurs (producteurs, l’Etat, le privé, les ONG et Associations au développement, les collectivités territoriales, partenaires au développement,) pourrait aboutir à une prise de conscience réelle des uns et des autres et un engagement réel de chacun à proposer des pistes de solutions.

 Durant les 03 jours d’échanges, différentes thématiques ont été abordées. Il s’agit de :

  • Bien connaitre l’utilisation des pesticides (premier jour) ;
  • Approfondir la connaissance sur l’utilisation des produits chimiques, analyser les problèmes qui se posent, les causes, conséquences et quelques pistes de solutions (deuxième jour) ;
  • Approfondir les pistes de solutions (troisième jour) ;
  • Engagement des participants (quatrième jour).

Une vue des produits chimiques utilisées dans la localité de Kari
qu’un Groupe de travail a identifié au cours de l’ateliers

Une vue des produits chimiques vendus dans le marché de Kari


Résultats des échanges

Les trois jours d’échanges ont permis aux participants d’une part d’échanger leurs expériences et de diagnostiquer la problématique de l’utilisation des pesticides et produits chimiques dans les exploitations et d’autre part, d’éveiller les consciences sur la responsabilité des producteurs et de leurs organisations de base.

 La recherche de facilité dans la production agricole est l’une des principales causes de l’utilisation massive des produits chimiques par les producteurs qui entraine des conséquences désastreuses sur l’environnement.

 Cet atelier a révélé qu’il existe des alternatives à l’utilisation des produits chimiques. Les producteurs sont cependant unanimes à reconnaitre qu’à défaut d’interdire carrément l’utilisation des produits chimiques, on peut adopter de bonnes pratiques d’utilisation et réduire son utilisation. Il existe aussi des possibilités de se passer ou de réduire significativement l’usage de produits chimiques en s’engageant sur la voie de l’agro écologie.

 Les problématiques débattues et idées ou pistes d’actions identifiées lors de cet atelier contribueront à animer les débats et à poursuivre la réflexion à différents niveaux (famille, organisation paysanne, village, commune).

 Pour poursuivre les réflexions et aboutir à des actions durables, l’atelier a identifié des thèmes de recherche qui feront l’objet d’approfondissement dans la zone d’intervention de Diobass.

 Les OP membres mèneront les recherches Actions sur les thématiques suivantes :

  • Comment exploiter un petit champ sans utiliser les produits chimiques et obtenir un haut rendement ?
  • Quelle stratégie mettre en œuvre pour que les producteurs se libèrent progressivement des produits chimiques dans leur exploitation ?
  • Recherche sur les effets comparatifs entre l’agriculture agro écologique et l’agriculture utilisant les produits chimiques ? (Comparer des 02 systèmes au niveau des rendements, coûts de production,)
  • Recherche sur les techniques ou stratégies endogènes agro-sylvo-pastorales qui permettent de réduire l’utilisation des produits chimiques dans les exploitations familiales ;
  • Recherche de stratégies et pratiques pour amener les producteurs à changer de comportement face à l’utilisation des produits chimiques ;
  • Tests comparatifs de traitement de nos cultures (niébé, sésame, maïs) avec des produits chimiques et des produits naturels ;
  • Comment changer le comportement des producteurs dans l’utilisation dans l’utilisation des emballages des produits chimiques ?
  • Recherche sur la production et l’utilisation de biopesticides à base de plantes et de minéraux pour les traitements phytosanitaires de nos cultures (niébé, sésame, maïs) ;
  • Recherche à travers un champ école sur les techniques d’agroforesterie expérimentations sur les biopesticides et autres bio-intrants ;
  • Approfondissement de la RAP sur insecticide naturelle contre les attaques et les maladies de sésame, haricot, coton ;
  • Approfondissement de la formulation de produits naturels de lutte contre les insectes (pucerons, vers et sauterelles…) et maladies des plantes maraichères.